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“Arrêt des représentations des Justes”

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Arrêt des représentations des Justes

Les représentations du spectacle Les justes story de David Noir, prévues jusqu’au 29 juin 2001 au Petit espace Cardin à Paris, sont interrompues depuis le 12 juin. Pierre Cardin a jugé au bout de cinq représentations que, pour une question de morale et pour préserver son image ainsi que ses responsabilités au sein de diverses associations (notamment son engagement contre la pédophilie ?!?), il n’était plus possible de voir son nom associé à un tel spectacle. L’équipe artistique des Justes a dû quitter l’enceinte du théâtre le 12 juin (monsieur Cardin ayant pris la veille la décision d’arrêter le spectacle). C’est pas juste: nous avions vu et apprécié sa pièce précédente, Les puritains, et devions assister aux Justes jeudi 14 juin. A suivre, sur lesinrocks.com, l’interview de David Noir. (14 juin 2001)

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“Après Les Puritains, spectacle réjouissant et fulminant, David Noir enfonce le clou avec Les Justes”

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Théâtre

Les Justes

David Noir

Après Les Puritains, spectacle réjouissant et fulminant, David Noir et son équipe de la Cie La vie est courte, enfoncent le clou avec Les Justes, “nouvelle comédie 100% haineuse”. Avant de le voir et de donner notre avis, voici, telle quelle, la présentation de son travail par le metteur en scène (telle quelle parce que le sujet, la matière dramaturgique des Justes présentent, sur le papier, des analogies avec l’insupportable Nexxt d’Arpad Schilling qui sera présenté au festival d’Avignon dans le cadre de la Saison Magyare, analogies qui s’effacent d’elles-mêmes si l’on s’en tient à l’étayage intellectuel et sensible qui pousse David Noir à s’attaquer au sujet) :

 

“L’inspiration de ce spectacle est très actuelle, et prend sa source dans l’univers adolescent du feuilleton télé fantaisiste, de la BD érotique, et du jeu vidéo, Les personnages sont stylisés physiquement en un certain nombre de figures d’inspirations BD, mangas ou autres, et composant un ensemble très coloré et naïf. Une fille terroriste au look ambivalent (mitraillette, couettes, treillis, et ours en peluche), un pirate playmobil à l’oeil bandé, crachant poumons et alcool, une vieille mondaine à aigrette, travestie en panthère lascive pour “nudies” érotique des années 60, un enfant sage traquant les pédophiles, un serial killer vedette de show TV, et bien d’autres amis de notre univers actuel et culturel. Dès le commencement, le propos prend donc racine dans cette nouvelle esthétique enfantine, pleine de violence, et d’errance, d’où émane, à mon sens, une forme de poésie romantique très actuelle, comme une autre acceptation de l’ancien style gothique, faite de mots crus, de situations scabreuses où le fantastique banalisé symbolise un quotidien hostile et inquiétant. Les “jours heureux” sont derrières nous, loin, rangés dans les souvenirs réjouis du baby boom de nos parents, au fond des tiroirs des tables en formica. La mise en avant-scène de l’argent pour l’argent, la prostitution intellectuelle et artistique, ouvertement mises au goût du jour via la télévision et sa publicité sont devenues des valeurs sûres. Le théâtre, quant à lui, semble s’être drapé dans des voiles pudibonds ou faussement provocateurs, derrière son cortège hors du temps de conventions institutionnelles, loin de notre société mercantile, cultivant le “bel art” le plus académique, Entre compromission ludico-cynique, et débats culturels, la forme des Justes s’inscrit volontairement dans le cadre d’une émission radiotélévisée, Là se déroule un jeu, où chacun devra sauver sa peau et échapper à une mort humiliante souhaitée par le public. Le combat est médiatique, et s’incarne dans l’arène de la salle. L’oppression d’un pouvoir désormais amical et compréhensif, la pression de l’opinion veule d’une masse sans cervelle s’exerce ici sur chaque protagoniste, sous les yeux de spectateurs complices, transformant peu à peu les personnages en de gentilles personnalités consensuelles, lisses et propres, prêtes à subir sans broncher les sodomies les plus véhémentes, les avilissements les plus joyeux. C’est le jeu des pouvoirs et de la hiérarchie; de l’image, et de nos personnalités.
La nature scénique du projet ne se veut en aucun cas linéaire, mais faisant appel aux capacités psychiques du spectateur. Associations d’idées – montage – jeux de mots; la seule volonté créatrice dirigiste présidant à mon travail étant l’efficacité et le respect de mon optique. L’équipe des Puritains, précédent spectacle de la Cie la Vie est Courte, donnera vie à cette représentation que je souhaite interactive avec un public concerné, qui nous a déjà suivis, et a appris à nous connaître au travers de la première étape de ce travail, déjà nommée: Les Puritains. Les Justes (autant d’esprit que d’inspiration mystique), en forment donc d’ores et déjà la suite logique. Adresse directe au public, bande son fournie, et musique live restent nos outils pour soutenir les incarnations de chaque membre de notre groupe. Le théâtre a une longue route à faire pour retrouver une expression libre et dynamique de son art, aujourd’hui loin derrière les trouvailles des arts plastiques, l’avancée des musiques actuelles, et l’invention des nouveaux supports technologiques. Moi, et les Puritains prétendons en tracer un chemin possible, à nouveau, au travers des Justes.”

Fabienne Arvers
08 juin 2001

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Le Monde.fr - Les Justes-Story de David Noir - L'art de déplaire selon David Noir
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“L’ART DE DÉPLAIRE SELON DAVID NOIR”

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“LES JUSTES-STORY” :
L’ART DE DÉPLAIRE SELON DAVID NOIR

mercredi 9 janvier 2002
RETIRÉE DE L’AFFICHE PAR PIERRE CARDIN EN JUIN 2001 APRÈS UNE SEMAINE DE PROGRAMMATION DANS SA NOUVELLE SALLE, LA TROUPE DE DAVID NOIR, “LES PURITAINS”, REVIENT SUR LES PLANCHES D’UN THÉÂTRE PARISIEN, LE TRIANON, POUR HUIT REPRÊSENTATLONS EXCEPTIONNELLES DU 7 AU 10 ET DU 14 AU 17 JANVIER 2002. L’OCCASION POUR LE PUBLIC ET LES CRITIQUES DE DÊCOUVRIR ENFIN “L’OBJET DU DÉLIT” ET DE JUGER SUR PIÈCES CETTE CRÉATION HORS NORMES, INTERDITE AUX MOINS DE 18 ANS, AURÉOLÉE D’UN PARFUM DE SCANDALE ET DE CENSURE.

LES INFORMATIONS PRATIQUES
DIFFICILE D’ÉVALUER LA NOUVELLE PIÈCE DE DAVID NOIR À L’AUNE DES CRITÈRES HABITUELS DE LA CRITIQUE THÉÂTRALE. LES SCHÉMAS DE PENSÉE TRADITIONNELS S’APPLIQUENT MAL, EN EFFET, À CET “OBJET THÉÂTRAL NON IDENTIFIÉ” DONT LE PRINCIPAL OBJECTIF SEMBLE ÉTRE DE ROMPRE AVEC LE THÉÂTRE INSTITUTIONNEL ET DE BAFOUER LES PRINCIPES ÉLÉMENTAIRES DE LA REPRÉSENTATION CLASSIQUE. UNE CHOSE EST SÛRE: “LES JUSTES-STORY”, DEUXIÈME CRÉATION DE CE JEUNE METTEUR EN SCÈNE APRÈS “LES PURITAINS” – PIÈCE ECRITE EN 1997-98 ET REPRÉSENTÉE AU LAVOIR MODERNE PARISIEN ENTRE MARS ET SEPTEMBRE 2000 -, NE FAIT PAS DANS LA DENTELLE.

PROVOCATION, MAUVAIS GOÛT, PORNOGRAPHIE, OBSCÉNITÉ… VOILÀ CE QUI CARACTÉRISE AU PREMIER ABORD CETTE “COMÉDIE MANGA-MUSICALE CLOWNESQUE 100% HAINEUSE” POUR REPRENDRE LES TERMES MÊMES DE SON AFFICHE. DÈS LES PREMIÈRES MINUTES DE LA REPRÉSENTATION, TOUT EST MIS EN ŒUVRE POUR METTRE LE SPECTATEUR MAL À L’AISE ET LE FAIRE SORTIR DE SA PASSIVITÉ HABITUELLE. LES ARTIFICES LE PLUS SOUVENT UTILISÉS POUR FAIRE CROIRE À L’ILLUSION DU THÉÂTRE SONT ICI SYSTÉMATIQUEMENT SUPPRIMÉS OU DÉTOURNÉS. PAS DE LEVER DE RIDEAU, PAS DE SALLE PLONGÉE DANS LE NOIR MAIS UNE LUMIÈRE ÉCLAIRANT LE PUBLIC PENDANT TOUTE LA REPRÉSENTATION, DES COMÉDIENS QUI LISENT OUVERTEMENT LEURS TEXTES PLUTÔT QUE DE LES RÉCITER, DES COULISSES VOLONTAIREMENT VISIBLES OU LES MEMBRES DE LA TROUPE DISCUTENT, MANGENT UN MORCEAU, FUMENT UNE CIGARETTE ENTRE DEUX RÉPLIQUES. LA SACRO-SAINTE DISTANCE ENTRE LA SCÈNE ET LA SALLE, RESPONSABLE AUX YEUX DE DAVID NOIR DE LA LÉTHARGIE OU PUBLIC, EST ABOLIE: LES COMÉDIENS CIRCULENT LIBREMENT ENTRE LES FAUTEUILS, S’ASSOIENT À CÔTÉ DES SPECTATEURS ET DISCUTENT AVEC EUX. CETTE VOLONTÉ DE FAIRE RÉAGIR LE PUBLIC, DE LE PROVOQUER JUSQUE DANS SES DERNIERS RETRANCHEMENTS, SEMBLE ÊTRE ÉRIGÉE EN RÈGLE ABSOLUE, EN PRINCIPE DE BASE POUSSÉ JUSQU’À L’EXTRÊME. QUITTE À VOIR PARTIR AU BOUT D’UN QUART D’HEURE DES RANGS ENTIERS DE SPECTATEURS TROP CHOQUÉS OU ÉNERVÉS POUR ASSISTER À LA SUITE DE LA REPRÉSENTATION. INUTILE CEPENDANT DE S’ÉTERNISER SUR LE SUJET MÊME DE LA PIÈCE. CONTENTONS-NOUS DE DIRE QU’IL Y EST QUESTION DE SEXE (BEAUCOUP), D’ARGENT ET DE POUVOIR. THÈMES SOMME TOUTE ASSEZ BANALS MAIS PRÉSENTÉS ICI SOUS LEURS FORMES LES PLUS EXCESSIVES ET OBSCÈNES. LE TOUT IMPRÉGNÉ D’UNE ESTHÉTIQUE TRÈS MODERNE FAITE D’UN MÉLANGE DE MANGAS, DE JEUX VIDÉOS, DE GÉNÉRIQUES D’ÉMISSIONS TÉLÉVISÉES ET D’IMAGES PORNOGRAPHIQUES. LA TROUPE DES « PURITAINS » (HUIT COMÉDIENS ET UNE COMÉDIENNE) DONNE VIE AVEC BEAUCOUP D’ÉNERGIE ET DE CONVICTION À UNE GALERIE DE PERSONNAGES LOUFOQUES À MI-CHEMIN ENTRE HÉROS DE DESSINS ANIMÉS, PRÉSENTATEURS TV, ET STARS DE CINÉMA. TOUS SEMBLENT ÊTRE PRIS AU PIÈGE D’UN IMMENSE JEU TÉLÉVISÉ, UNE SORTE DE “LOFT STORY” EN VERSION TRASH, PRÉSENTÉ PAR UN ANIMATEUR SADIQUE QUI LES SOUMET AUX PIRES HUMILIATIONS. AVEC UNE ENVIE QUASI-MALADIVE DE TOUT MONTRER, TOUT DÉVOILER SUR SCÈNE, SOUVENT MÊME JUSQU’A LA SATURATION ET L’ÉCŒUREMENT: LES CORPS, LES SEXES (PARTICULIÈREMENT CEUX DES HOMMES). LES ACTES LES PLUS BARBARES OU IMMORAUX (PÉDOPHILIE, INCESTE, VIOL, SODOMIE). CE QUI EXPLIQUE EN PARTIE LES RÉACTIONS VIOLENTES DE CERTAINS SPECTATEURS, DONT PIERRE CARDIN (LIRE À CE SUJET NOTRE ARTICLE DU 27 JUIN 2001).
DOMMAGE QUE, DANS CETTE PIÈCE, LA FORME L’EMPORTE SOUVENT SUR LE FOND. EN EFFET DERRIÈRE LES PROVOCATIONS VOLONTAIREMENT OUTRANCIÈRES DE LA MISE EN SCÈNE QUI PEUVENT LÉGITIMEMENT CHOQUER UNE PARTIE DU PUBLIC, LE CONTENU MÊME DES « JUSTES-STORY » MÉRITE LE DÉTOUR. TOUT D’ABORD PARCE QUE DAVID NOIR A UN RÉEL TALENT D’ÉCRITURE ET QU’IL MANIE AVEC HABILETÉ LA LANGUE FRANÇAISE. SON TEXTE EST TRUFFÉ DE JEUX DE MOTS, DES JEUX DE MOTS RÉELLEMENT ORIGINAUX OU PARFOIS PLUS FACILES, POUR DÉPEINDRE LES MAUX DE LA SOCIÉTÉ. IL S’EN DÉGAGE UNE ÉTRANGE MÉLODIE DU CHAOS, UNE POÉSIE DE L’ABSURDE. MAIS IL FAUT TENDRE L’OREILLE POUR LA PERCEVOIR DERRIÈRE LE FRACAS DE LA MUSIQUE ET L’IRONIE BRUYANTE DES PARODIES GRIVOISES DE CHANSONS À LA MODE. DERRIÈRE LES APPARENCES D’UN CIRQUE GRAND-GUIGNOLESQUE, “LES JUSTES-STORY” RECÈLE DE RÉELS TRÉSORS D’ÉCRITURE ET DES INTERROGATIONS TRÈS CONTEMPORAINES.

À UNE ÉPOQUE OÙ L’OBSESSION DU SEXE A ENVAHI LES AUTRES CHAMPS DE LA CULTURE, LA LITTÉRATURE COMME LA PEINTURE, OÙ LES IMAGES DE VIOLENCE ET DE SANG DÉFILENT À LONGUEUR DE JOURNÉE SUR NOS ÉCRANS DE TÉLÉVISION, POURQUOI LE THÉÂTRE RESTERAIT-IL À L’ÉCART DE CETTE TENDANCE GÉNÉRALE ? COMMENT TRADUIRE SUR LES PLANCHES AVEC DES COMÉDIENS EN CHAIR ET EN OS CETTE OMNIPRÉSENCE DU SEXE ? AUTANT DE QUESTIONS AUXQUELLES DAVID NOIR TENTE D’APPORTER UNE RÉPONSE ORIGINALE AVEC SA PIÈCE. AU RISQUE DE DÉPLAIRE À PLUS D’UN SPECTATEUR.

CRISTINA MARINO

Les Justes-Story. Texte et mise en scène de David Noir. Avec la troupe des « Puritains » : Sonia Codhant, Jérôme Coulomb, Stéphane Desvignes, Jean-Hugues Laleu, Jacques Meystre, David Noir, Jean-François Rey, Miguel-Ange Sarmiento, Philippe Savoir. Musiques originales: Jérôme Coulomb. Chant: Any Tournayre. Costumes: Anne-Marie Baron et Valérie Siksik. Production: compagnie La Vie est courte.
Le Trianon. 80, boulevard de Rochechouart, 75018 Paris. Métro: Anvers. Du lundi 7 au jeudi 10 janvier et du lundi 14 au jeudi 17 janvier 2002 à 20h45. Tél. : 01-4424-52-14. Tarifs: 20 € (131,19 F) ; réduit: 15 € (98,39 F).

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Le Monde.fr - Les Justes-Story de David Noir interdit de scène par Pierre Cardin
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“Les Justes-Story” interdit de scène par Pierre Cardin

Extrait (Cliquez sur la vignette de l'article pour voir l'original)

La nouvelle création de David Noir et sa troupe “Les Puritains” a été déprogrammée à l’Espace Pierre Cardin (Paris-8e) une semaine après la première. Pourquoi cette “censure-prise”, pour reprendre le jeu de mots employé par ce metteur en scène pour annoncer la nouvelle aux médias ?

Mis à jour le mercredi 27 juin 2001

 

Vendredi 15 juin, 20h30. Un message tardif tombe dans la boîte aux lettres électronique de plusieurs rédactions parisiennes. Intitulé “Cardin censeur”, il s’ouvre sur un jeu de mots inscrit en majuscules noires: “Censure-prise”. Le metteur en scène David Noir y annonce en quelques lignes la décision prise par Pierre Cardin de retirer de l’affiche de son nouveau lieu de spectacles la dernière création de la troupe des “Puritains”.
La déprogrammation d’une pièce de théâtre une semaine après sa première, voilà une information qui n’aurait guère dû passer inaperçue dans le paysage culturel français. Et pourtant, malgré quelques articles parus de ci, de là, dont une interview de David Noir par Fabienne Arvers dans Les Inrockuptibles, cet événement n’a guère suscité de réactions dans le petit monde de la critique théâtrale parisienne. Retour sur les faits. Il y a quelques mois, Pierre Cardin décide de transformer l’une des salles de son Espace, avenue Gabriel dans le 8e, en un lieu entièrement dédié à la jeune création contemporaine. Il l’a baptise “Le Petit Espace Pierre Cardin” et en confie la direction artistique à Nicolas Laugero, déjà attaché de presse des spectacles montés à l’Espace. Ce dernier fait alors appel à l’auteur, metteur en scène et comédien David Noir pour monter le premier spectacle destiné à inaugurer cette salle. Il connaît le travail de cette compagnie pour avoir assuré les relations presse de leur précédente création au Lavoir Moderne Parisien, “Les Puritains”.
Tout se passe sans accroc pendant les répétitions de la pièce. Mais un incident survient le soir de la première, le mardi 5 juin. Visiblement très choqué par certaines scènes du spectacle de David Noir, Pierre Cardin quitte la salle au bout de vingt-cinq minutes de représentation. Puis, une semaine après, la décision tombe comme un couperet pour la troupe: le retrait définitif des “Justes-Story” de l’affiche du Petit Espace Pierre Cardin, c’est-à-dire la déprogrammation pure et simple des 14 représentations prévues jusqu’au 29 juin. Une entrevue de la dernière chance est organisée entre Pierre Cardin et David Noir. Mais, entre les deux, l’incompréhension est totale, les échanges de mots plutôt violents et la rupture définitivement consommée, d’après les échos rapportés par chacune des parties.
Du côté de l’Espace Pierre Cardin, Nicolas Laugero, tout en affirmant son désir personnel de continuer à défendre coûte que coûte le travail de David Noir, ne peut qu’entériner la décision sans appel prise par le maître des lieux.“Certaines scènes de la pièce “Les Justes-Story” font explicitement allusion à des actes de pédophilie et d’inceste. Aux yeux de Pierre Cardin, cela est totalement incompatible avec son image de marque à travers le monde. En tant qu’ambassadeur de la paix auprès de l’Unesco, il ne peut absolument pas se permettre de laisser penser qu’il cautionne de tels comportements.” Quand on lui fait remarquer que Pierre Cardin aurait pu s’en rendre compte beaucoup plus tôt, bien avant la première, Nicolas Laugero invoque l’emploi du temps très chargé de ce directeur de théâtre aux multiples fonctions, qui ne lui a guère permis d’assister aux répétitions de la troupe avant le soir de la première.

Du côté de David Noir et de sa compagnie “Les Puritains”, l’heure est plutôt à la colère et à un profond sentiment de révolte. “L’attitude de Pierre Cardin à notre égard est totalement incompréhensible. Pourquoi a-t-il attendu une semaine pour nous annoncer la déprogrammation du spectacle ? A-t-il subi entre temps des pressions de la part de son entourage qui l’ont poussé à interdire notre pièce ?” Le metteur en scène affirme n’avoir jamais caché à Pierre Cardin la nature profondément provocatrice de sa nouvelle création. “Les rares fois où j’ai pu le rencontrer, je lui ai montré des photos de mon précédent spectacle, “Les Puritains”, et des extraits de textes. Il pouvait dès lors se faire une idée précise de la dimension extrême de mon travail. Pour moi, il n’y a jamais eu leurre sur la marchandise.”

La prochaine étape pour le metteur en scène? Obtenir des dommages et intérêts de l’Espace Pierre Cardin pour rupture de contrat abusive, mais surtout trouver rapidement une nouvelle salle de théâtre pour accueillir sa troupe.“Car, dit-il, jouer notre spectacle dans un autre lieu serait la meilleure réponse à apporter à l’attitude inadmissible de Pierre Cardin.” Que pense-t-il des arguments invoqués par ce dernier pour interdire la pièce ? “Montrer sur scène des actes à caractère pédophile ou incestueux, ce n’est en aucun cas cautionner ce genre de pratiques. Il ne faut pas confondre les mots et les actes, la représentation théâtrale et la réalité des faits.” Et il ajoute: “1l ne s’agit pas pour moi de faire de la provocation gratuite. Au contraire, “Les Justes-Story” s’inscrit dans la logique de mon précédent spectacle “Les Puritains” et dans le cadre plus général d’une réflexion sur la nature de la représentation théâtrale. A l’image des bouffons du Moyen-Âge, je me situe dans le registre du grotesque, du burlesque, qui bascule parfois dans le tragique. Je cherche à tendre au public un miroir déformant dans lequel les pulsions, les désirs refoulés, toutes ces petites et grandes horreurs qui sont en chacun de nous, apparaissent grossis et exagérés.” L’objectif de David Noir ? Provoquer une réaction de la part du public: “Si cela pouvait faire sortir les spectateurs de l’engourdissement, de la léthargie qui les gagne le plus souvent devant une scène de théâtre, mon travail n’aurait pas été vain. Toute réaction, même la plus violente et radicale, est intéressante.”

Question réaction, celle de Pierre Cardin a sans doute paradoxalement dépassé les espérances de David Noir. Mais peut-être est-ce là aussi, hélas, l’un des revers du métier de bouffon: se voir rejeter dès que l’on cesse de divertir le Prince et sa cour ?

Cristina Marino
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Le Monde interactif – Théâtre: le sexe mis en scène

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Théâtre : le sexe mis en scène

LE MONDE.FR / 07.06.01 / 116h05
Extrait (Cliquez sur la vignette de l'article pour voir l'original)

Deux pièces à l’affiche à Paris en juin posent la question de la représentation du sexe, souvent sous sa forme la plus brute, sur une scène de théâtre. Il s’agit de l’adaptation française d’un texte du Britannique Mark Ravenhill, Shopping and Fucking, mise en scène par Thierry Harcourt à la Pépinière-Opéra et de la création du Français David Noir au Petit Espace Pierre Cardin, Les Justes Story, avec la compagnie La vie est courte.

 

Information de dernière minute: dans un mail envoyé aux rédactions de différents journaux, David Noir a informé la presse de la décision prise par Pierre Cardin de retirer de la programmation du Petit Espace, mardi 12 juin 2001, une semaine après la première, la nouvelle création de la troupe des Puritains, Les Justes Story.

 

“Interdit aux moins de 16 ans”, “strictement interdit aux moins de 18 ans”, voilà des mentions que l’on s’était habitué à voir sur les affiches de certains films pouvant “heurter la sensibilité d’un jeune public”. Elles font désormais leur apparition – assez discrète pour le moment – sur les affiches de quelques pièces de théâtre. Des pièces qui ne se cachent pas dans l’arrière-salle d’un petit théâtre de quartier mais qui s’inscrivent en toutes lettres sur les façades de deux théâtres privés parisiens: la Pépinière-Opéra et le Petit Espace Pierre Cardin. Des pièces qui n’hésitent pas à montrer les corps dans leurs moindres replis, voire à jouer l’acte sexuel sur scène. Alors, le sexe sur les planches, une nouvelle approche théâtrale ?

Du côté des auteurs et metteurs en scène de ces pièces, le ton est clairement à la revendication haute et forte d’une volonté de choquer et de transgresser les conventions du théâtre traditionnel.
(…) L’auteur et metteur en scène David Noir affiche d’emblée ses intentions: “L’inspiration de ce spectacle est très actuelle et prend sa source dans l’univers adolescent du feuilleton télé fantaisiste, de la BD érotique et du jeu vidéo.(…) Entre compromission ludico-cynique et débats culturels, la forme des ”Justes” s’inscrit volontairement/ complaisamment dans la médiocrité consensuelle de notre société sur fond d’émission radio-télévisée.” Dans la continuité d’esprit de sa précédente création, Les Puritains, à l’affiche du Lavoir Moderne Parisien en juillet et septembre 2000, il affirme vouloir aider le théâtre à “retrouver une expression libre, et dynamique de son art, aujourd’hui loin derrière les trouvailles des arts plastiques, l’avancée des musiques actuelles, et l’invention de nouveaux supports technologiques.”

Côté public, ces pièces suscitent des réactions souvent violentes et très tranchées.
En deux mots: soit on adore, soit on déteste. La demi mesure n’est pas de mise face à de tels spectacles. Les uns encensent le goût de la provocation à tout prix, l’exhibitionnisme clairement affiché – “un désir insatisfait chez beaucoup de spectateurs”, selon David Noir -, l’indécence païenne et jouissive de ces textes. Les autres n’y voient que source de dégoût et d’écœurement, tout en dénonçant la dimension ouvertement pornographique.

Alors, volonté gratuite et stérile de choquer ou électrochoc salutaire contre la routine de la création théâtrale actuelle? Peut-être les deux. Il est sans doute encore trop tôt pour parler d’une véritable tendance artistique et de l’émergence d’un nouveau théâtre contemporain placé sous le signe du sexe. Dans le contexte du moment marqué par la volonté de ne rien cacher de l’intimité du corps, même sous sa forme la plus crue, on assiste peut-être tout simplement à un éphémère effet de mode.

Cristina Marino

Les Justes Story. Texte, bande son, diapos et conception: David Noir. Musiques originales: Jérôme Coulomb. Chant: Any Tournayre. Avec Sonia Codhant, Jérôme Coulomb, Stéphane Desvignes, Jean-Hugues Laleu, Jacques Meystre, David Noir, Jean-François Rey, Miguel-Ange Sarmiento, Philippe Savoir. Une production de la compagnie La vie est courte. Le Petit Espace Pierre Cardin. 3, avenue Gabriel, 75008 Paris. Métro: Concorde. Tél. : 01-44-56-00-13. Du 5 au 29 juin 2001. Du mardi au samedi à 20h30.

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